Christophe-Philippe Oberkampf
Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815), issu d’une famille d’artisans teinturiers et graveurs, est un pionnier de l’industrie textile en France. Né en 1738 à Wiesenbach (actuelle Allemagne), il se forme auprès de son père et se spécialise dans l’impression sur étoffes. Il est à la fois dessinateur et graveur, avec une curiosité très prononcée pour la couleur. Après avoir travaillé à Paris, et dès lors que la prohibition sur les indiennes est levée, il fonde en 1760 à Jouy-en-Josas, avec son frère, la Manufacture Oberkampf. En effet dès 1686, la France interdit l’importation, la production et le port de ces cotonnades imprimées jusqu’en 1759. Elle prend ainsi du retard car les techniques d’impression se perfectionnent parallèlement dans d’autres pays d’Europe comme l’Angleterre, la Suisse ou la Hollande qui instaurent une prohibition moins stricte ; Christophe-Philippe Oberkampf, d’origine germanique, détient ces connaissances tant recherchées et appréciées. Il peut donc les mettre à profit en France, quand la production reprend.
François GERARD, Portrait de Monsieur Christophe-Philippe Oberkampf, 1818-1819,
huile sur toile
© MTDJ n°inv.003.1.1
Jean-Baptiste HUET, La Manufacture Oberkampf de Jouy-en-Josas, 1807,
huile sur toile
© MTDJ n°inv.920.1
La Manufacture
Située à Jouy-en-Josas, localisation particulièrement propice, cette manufacture se distingue par la qualité et l’originalité de ses toiles de coton imprimées destinées à l’habillement ou l’ameublement. Oberkampf et ses équipes innovent en matière de création de motifs, s’inspirant des tendances de l’époque (chinoiseries, pastorales, grands courants artistiques, végétaux) et en développant de nouvelles techniques d’impression. Entre 1760 et 1843, période d’activité de la Manufacture, plus de 30 000 motifs sont créés d’une qualité exceptionnelle. Les motifs floraux, inspirés des productions indiennes et orientales, sont particulièrement appréciés, surtout pour l’habillement et représentent à ce titre la grande majorité de la production de Jouy. Quant aux toiles à personnages, qui ont marqué l’imaginaire collectif, elles sont plus anecdotiques et destinée à la décoration intérieure, mais reflètent le goût de la fin du 18e et du début du 19e siècle pour les scènes champêtres, historiques, littéraires ou d’actualité en lien avec les grands courants artistiques et philosophiques contemporains. Le répertoire de la Manufacture compte également des motifs géométriques.
Les productions issues de la Manufacture rencontrent un vif succès auprès d’une clientèle aristocrate et bourgeoise. L’entreprise se développe ainsi de manière exponentielle: de trois ouvriers en 1760, la Mnaufacture obtient le titre de Manufacture royale en 1783, et emploie plus de 1300 personnes à son apogée. A la veille de la Révolution Française, elle est la troisième entreprise la plus importante de France et la première manufacture d’impression textile d’Europe.
Cette réussite tient aux talents d’entrepreneur d’Oberkampf, mais également à son exigence de qualité et son attachement à l’innovation technique et technologique. Il accorde une très grande importance à la qualité graphique, chromatique et structurelle des motifs imaginés dans sa manufacture. POur cela, il s’entoure des meilleurs dessinateurs et graveurs. Certains sont anonymes et salariés de l’entreprise, d’autres sont des artistes de renom, comme Jean-Baptiste Huet (1745-1811) ou Horace Vernet (1789-1863), qui collaborent avec Oberkampf.
François GERARD, Portrait de Madame Oberkampf née Massieu, 1818-1819,
huile sur toile
© MTDJ n°inv.003.1.2
Julie FERAY, Portrait d’Emilie et Laure Oberkampf, vers 1805,
pastel
© MTDJ n°inv.A.2020.4.1