En 1783, l’homme accomplit un rêve ancien : voler comme un oiseau ; la passion visionnaire des frères Joseph et Etienne de Montgolfier et du physicien Charles lui permet de s’élever dans l’azur.

Cette première conquête de l’espace suscite une immense émotion. Gravures et récits relaient dans les gazettes les progrès des aérostiers. Les arts décoratifs, reflet des modes, s’emparent de cette iconographie populaire adaptée à des objets variés. Fauteuils, chaises, marqueteries, boutons de porte, d’habits, éventails, faïences, porcelaines, boîtes, sceaux, pommeaux de canne, poignées d’épée, papiers peints, pendules, cages à oiseaux ou rafraîchissoirs illustrent abondamment la “ballomanie”.

Le dernier tiers du XVIIIe siècle voit aussi fleurir en France les fabriques d’impression textile. La levée de la prohibition, qui frappait d’interdiction depuis plus de 70 ans l’importation des Indes et la fabrication en France des toiles imprimées sur coton, est décrétée par le Roi en 1759. Si la plus célèbre reste la manufacture créée à Jouy-en-Josas par Oberkampf en 1760, ces “indienneries” connaissent une activité intense qui perdurera parfois jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Afin de séduire la clientèle, les fabricants imprimaient souvent sur le coton les motifs tirés de l’actualité et diffusés par la gravure. L’engouement pour les aérostats, montgolfières et ballons, trouve ainsi moult échos dans une production à la pointe de la modernité. A travers ces tissus colorés se livre ainsi de façon inédite la belle histoire de l’aérostation.

Anne de Thoisy-Dallem